« ... Je vais alors me coucher sans connaître le nom de ce cavalier, ni celui de sa monture. Cette dernière me réveille en venant brouter la pelouse tout près de chez moi. Petit déjeuner très matinal à 2h00 du mat'... Ne connaissant pas son nom, je ne peux pas lui demander de changer de râtelier. J'essaye de continuer ma nuit tant bien que mal, plutôt mal que bien... Les affaires pliées et chargées sur le vélo, me voilà finalement reparti au petit matin. Je jette un dernier coup d'œil à la tente de mon voisin. Il n'est pas encore levé. Dommage, je lui aurais bien serré la main une dernière fois.

Le début d'étape est une succession de petites montées et descentes, sur plus de dix kilomètres. Le genre de relief qui au final vous donne la sensation d'avoir fait plus de montées que de descentes. Ce début de journée est d'une plénitude totale (mis à part le relief donc...). A ma gauche la montagne et les nuages s'enlacent dans une danse nuptiale d'une douceur exceptionnelle. Mariage du ciel et de la terre. J'aime ces matins où les nuages caressent langoureusement la montagne avant de venir embrasser la plaine, m'apportant ainsi une fraîcheur très agréable et donnant du relief à ces paysages un peu monotones. Un cadre rempli d'émotion, dans lequel j'ai le privilège de donner quelques coups de pédale, discrète-ment, n'osant troubler ce merveilleux spectacle, où la nature est l'actrice principale, et moi un spectateur privilégié…Je me fais le plus discret possible, pour pouvoir jouir pleinement de cette tranquillité. Je me fonds dans ce décor, comme je me glisserais sous un drap recouvrant une charmante demoiselle en plein sommeil… Beauté encore ensorcelée par la douceur de la nuit. Surtout ne pas la réveiller, elle ne doit pas me voir ivre… de bonheur.

Ce moment d'une plénitude quasi irréelle s'arrête brutalement lorsque je rejoins la route numéro 29, qui relie Tauranga à Rotorua. Les camions, que j'avais eu le temps d'oublier, sont de nouveau très nombreux. Brusque retour à la réalité. ... »